jeudi 3 janvier 2013

Acquisition de l'immobilier d'entreprise



Dans la vie de l’entreprise, après le lancement de l’activité en elle-même, il est souvent envisagé d’investir dans les locaux de l’entreprise, nous allons donc étudier ici les différents moyens et techniques d’acquérir cet immobilier, en prenant en considération l’impact financier d’un tel investissement, mais également fiscal et patrimonial.

Quels sont les différentes techniques d’acquisition de l’immobilier d’entreprise ?

Traditionnellement deux options se posent :
1.       Acquisition des locaux par l’entreprise elle-même ;
2.       Acquisition des locaux dans le patrimoine privé du chef d’entreprise, et loués par l’entreprise.
Je rajouterai une troisième option, moins connue, plus technique mais présentant des atouts indéniables :
3.       L’acquisition démembrée des locaux par l’entreprise usufruitière, et par le patrimoine privé en nue-propriété.

Dans un premier temps attardons nous sur les options traditionnelles, non dénuée de sens et d’intérêt.


1 – Acquisition par l’entreprise

L’acquisition pleine et entière par l’entreprise elle-même présente un intérêt fiscal majeur, dans la mesure où, comptablement l’entreprise pourra :
  • ·         Amortir son investissement ;
  • ·         Déduire les intérêts d’emprunt en charges financières, ainsi que les frais d’acquisition ;
  • ·         Récupérer la TVA sur les travaux réalisés ou la construction neuve.

Inconvénient non négligeable à la revente de l’entreprise, la valeur de l’immeuble fait partie intégrante de la valeur de l’entreprise et peut représenter une part majeure du prix de cette dernière, bien que non génératrice de chiffre d’affaires, voire même fort couteuse en charges financières et cette survaleur peut freiner les repreneurs éventuels.

2 – Acquisition par le patrimoine privé du chef d’entreprise

Afin d’éviter la problématique de la revente de l’ensemble (fonds d’exploitation + immobilier), mais surtout pour permettre au chef d’entreprise de s’approprier une partie des bénéfices de l’entreprise au travers des loyers, la grande majorité des entrepreneurs préfère acheter personnellement l’immobilier d’exploitation pour ensuite le mettre en location au profit de l’entreprise.

Ainsi de la même manière qu’un investissement locatif d’habitation, le chef d’entreprise pourra dans sa fiscalité personnelle :
  • ·         Déduire les intérêts d’emprunts de ses revenus locatifs ;
  • ·         Récupérer la TVA sur option, dés lors que les loyers sont soumis à TVA.

Par contre, à la différence du mode d’acquisition précédent, par l’entreprise, il ne pourra pas :
  • ·         Déduire les amortissements comptables ;
  • ·         Déduire les frais d’acquisition.

Ce mode d’acquisition par le chef d’entreprise est la plus utilisée, au travers d’une SCI, et sera satisfaisante tant que les intérêts d’emprunts resteront suffisamment importants pour neutraliser l’impact fiscal des revenus locatifs, mais deviendra au fil du temps fort couteuse fiscalement.

3 – L’acquisition de l’immobilier d’entreprise en démembrement

Cette troisième option est selon moi, la plupart du temps, stratégiquement la plus favorable aux besoins de l’entreprise et de construction patrimoniale du chef d’entreprise.

Il s’agit là de faire une acquisition démembrée de l’immobilier d’entreprise :
  • L’entreprise acquiert l’usufruit de l’immeuble
  • Le chef d’entreprise acquiert la nue propriété de l’immeuble.
L’acquisition de l’usufruit par l’entreprise
L’usufruit est le droit de propriété qui permet de jouir de la chose pendant une durée ici limitée, mais à condition d’en conserver la substance.
L’entreprise qui se porte acquéreur de l’usufruit pourra donc occuper l’immeuble comme le propriétaire lui même pendant une durée limitée dans le temps. La durée maximale est de 30 ans (Définie par le code civil).
Rappelons tout de même que la détention de cet usufruit permet à l’entreprise d’utiliser le bien à sa guise sans avoir les contraintes liées à un bail commercial, comme c’est la cas lorsqu’elle est simplement locataire de l’immeuble.
Fiscalement, l’entreprise propriétaire de l’usufruit pourra :
  • Déduire les intérêts d’emprunt liés au crédit ayant permis l’acquisition de l’immeuble.
  • Déduire les frais d’acquisition de l’immeuble (frais de notaire + frais d’agence)
  • Amortir l’usufruit de l’immeuble sur la durée du démembrement.
Bref, la détention de l’usufruit de l’immeuble bénéficie de la même fiscalité avantageuse que la détention de la pleine propriété de l’immeuble.
L’acquisition de la nue-propriété par le chef d’entreprise
Le chef d’entreprise se porte acquéreur de la nue propriété de l’immeuble. Cette nue propriété lui permettra simplement de devenir plein propriétaire de l’immeuble à l’échéance de la période de démembrement.
Lorsque le dirigeant acquiert la nue propriété de l’immeuble, il tire tous les avantages liés à la constitution d’un patrimoine privé avec les capacités bénéficiaires de l’entreprise, sans pour autant être fiscalement pénalisé.
Le nu propriétaire ne percevant aucun revenu locatif pendant toute la durée du démembrement, aucun impôt supplémentaire ne sera payé par le chef d’entreprise. C’est seulement à l’échéance du démembrement (qui correspond le plus souvent avec le départ à la retraire du chef d’entreprise) qui le chef d’entreprise redeviendra plein propriétaire de l’immeuble. A cette échéance, il percevra des revenus fonciers comme un plein propriétaire qu’il est redevenu.
Calcul de la valeur de l’usufruit temporaire

L’usufruit temporaire bénéficie de deux modes de calculs distincts :

·         Un barême fiscal forfaitaire, estimé à 23 % de la valeur en pleine propriété par tranche entamée de 10 ans (exple : pour 15 ans, comportant 2 tranche,  sera évalué à 46 %) ;
·         La méthode du calcul économique estimée aux flux de revenus futurs actualisés, le taux d’actualisation étant le taux de rendement du bien immobilier ( USt = R1/(1+r)^1 + R2/(1+r)^2 + … + Rt/(1+r)^t )

Ainsi prenons l’exemple d’un bien immobilier de 200 K€, démembré pour 20 ans, offrant un rendement de 6 % (soit 12 K€ de loyers fictifs annuels) :
·         le barême fiscal estimera le prix pour l’usufruitier à 92 K€ (46 %), et 108 K€ pour le nu-propriétaire ;
·         le calcul économique estimera le prix pour l’usufruitier à 137 600 €, et pour le nu-propriétaire à 62 400 €.

La valorisation la plus avantageuse sera ainsi choisie.


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